je te porte encore

Paul,

Ton absence me pèse tellement cette semaine. Elle enfle toute la journée. Explose le soir arrivé. Me cloue.

C’est peut-être les tâches que je dois faire au travail. Les mêmes qui m’attendaient à mon retour le printemps dernier. En mai, j’ai fait le montage du journal de quartier dans un état d’absence mentale assez total. Je n’y croyais pas encore. Je pense que j’avais encore l’impression que j’allais échapper à cette réalité que je ne voulais pas accepter. J’ai perdu cette capacité à fuir complètement.

Je n’ai pas accepté la réalité, mais j’ai intégré l’information. À peu près. Je sais que tu ne reviendras pas. Je sais que je ne connaitrai jamais ton sourire, que je n’entendrai pas tes premiers mots, que je ne serai pas témoin de tes premiers pas. Je le sais. Et pourtant, je redécouvre chaque jour la douleur de ton absence. Chaque jour, tu n’es pas là.

Paradoxalement, même si la peine est moins tranchante maintenant qu’aux premiers jours, je découvre un peu plus avec chaque instant qui passe, la longueur d’une vie sans toi. Chaque minute sans toi souligne la breveté de ta vie arrêtée en plein vol.

Je prends un moment d’arrêt ce midi malgré tout ce qui presse.

je m’autorise à ne penser qu’à toi
à tourner mon esprit vers toi
je te porte en moi
lové dans mon cœur
ma petite bête des bois

je t’aime

4 réflexions au sujet de « je te porte encore »

  1. The rediscoveries are brutal, yes. I can really appreciate your point about the sharpness (in some ways) toning down over time, but with a gradual, painful realization of a whole life without Paul stretched out before you. Maybe this is how « acceptance » (whatever that actually means) begins to take shape, although who knows,… just when we think we might see a pattern, grief can keep us on our toes, can’t it?

    I’m so sorry, Typhaine, that you won’t know Paul’s smile, his first steps, all of the things you deserve to know, as his mother. It is still so heartbreaking.

    • The last few days haven’t felt like anything remotely close to acceptance. I’ve been feeling worse than i have for a long time. I thought of you many times… you seem to be one of the only people i read who can put words on the level of pain and despair that comes with losing a child, or children.
      and yes, grief is ever-surprising.

      Thinking of you and Zachary, and B.W.

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